Boudoir des Mots
Blog d’une passionnée d’écriture et de littérature de l’imaginaire.
Lorsque je commence à écrire une nouvelle histoire, je ne fais jamais de plan. J’ai déjà essayé, et c’est une méthode qui ne fonctionne pas sur moi. Je me sens coincée, ça manque d’originalité/je ne visualise pas, je n’avance pas. L’inspiration me vient en écrivant. Je suis ce qu’on appelle une jardinière, et une jardinière qui jardine avec le strict minimum : un trou, une graine, et je vois ce que ça donne.
Le problème de cette méthode, c’est que le premier jet peut vite dégénérer et devenir complètement chaotique. L’intrigue part dans tous les sens, le worldbuilding devient incompréhensible, les personnages n’en font qu’à leur tête et le tout devient complètement incohérent. Et à la fin, on se retrouve avec un premier jet certes terminé mais qui va demander un effort conséquent dans la première réécriture pour tout remettre tous les éléments en place.
Alors pour m’éviter dix ans de réécriture, j’essaie de maîtriser mes idées. Je vous montre comment.
Mais d’abord, il faut que je vous explique comment je développe une idée de roman pour savoir d’où je pars et où je vais.
J’écris essentiellement de la fantasy, et j’ai remarqué que mes idées de roman partaient toujours du système magique. C’est la première chose que je développe. Mon point de départ. Pourquoi ? parce que c’est un élément qui intervient tout au long du récit. Il joue un rôle important dans l’incipit, dans le déclenchement de l’intrigue, les enjeux, le climax et le combat final.
Exemple que tout le monde connaît : le seigneur des anneaux. Dans l’incipit, Frodon hérite de l’anneau. L’élément déclencheur : Frodon doit fuir la Comté pour que l’anneau ne tombe pas entre les mains des forces du Mal. Pourquoi ? sinon Sauron renaîtra et la Terre du Milieu sera asservi. C’est l’enjeu. Le climax et le combat final : Frodon gravit la Montagne de Feu, combat Gollum.
Bref. L’anneau intervint dans toutes les étapes du récit, et les personnages vont évoluer autour de ce problème. Donc, avant de commencer à écrire, je réponds à deux questions :
Une fois ces grandes lignes en tête, je m’attaque à ma partie préférée : la création de mon protagoniste. Pour cette étape, je file sur Pinterest. J’ai besoin de visualiser ! Je regarde mille et un portraits à la recherche du visage qui m’inspire, et une fois que je tombe dessus, toute son histoire découle toute seule. Son caractère, son passé, sa personnalité… c’est vraiment un phénomène et une sensation étrange qui se produisent dans le cerveau. Difficile à exprimer et à décrire d’ailleurs. L’instant d’avant, ce perso n’existait pas, et celui d’après, j’ai l’impression de le connaître depuis toujours.
J’ai mon système magique. J’ai ma protagoniste. La dernière chose dont j’ai besoin pour commencer à écrire est de planter le décor. J’ai besoin d’un peu plus de détails sur l’époque à laquelle va se dérouler mon histoire, et je choisis aussi la civilisation qui va m’inspirer pour créer ma propre civilisation. Pour cette partie aussi, je passe quelques heures sur pinterest, mais une grande partie se fait dans les tréfonds de mes méninges. C’est un peu un kaléidoscope. je mets ma protagoniste dans un lieu, et j’essaie de visualiser ce que ça donne.
Ces trois grandes choses en tête, j’attaque l’écriture.
Je vais commencer par mettre ma protagoniste principale en situation. Le plus souvent, dans une scène d’action pour jauger comment elle évolue, elle réagit. Quand je dis scène d’action, ce n’est pas une cascade hollywodienne ou bataille rangée, mais une scène de la vie quotidienne qui sort le personnage de son train-train quotidien. Ca me permet de découvrir son caractère, sa personnalité, ses compétences, ses faiblesses. Je profite aussi de cette scène pour présenter l’univers et mon système magique.
Exemple : La Passe-Miroir de Christelle Dabos : Le premier chapitre présente Ophélie via une scène toute simple. Elle rend visite à son oncle en arrivant via un miroir. On sait qu’elle est timide car elle parle avec une petite voix, on sait qu’elle est têtue, car on sait qu’elle a refusé plusieurs prétendants, et on sait qu’elle est vachement gauche, car elle casse une assiette.
Bref, via une scène toute simple, on en apprend pas mal déjà sur le personnage principal et on a déjà deux trois notions sur le système de magie et l’univers.
Là, la magie de l’inspiration fait qu’en général j’arrive à sortir une scène correcte, qui m’emmène d’un point A à un point B. Je retravaille la scène, je brode, je creuse. Et la scène se transforme en chapitre. Dans ce chapitre, j’y présente mon protagoniste principal surtout sa personnalité via une scène show don’t tell, souvent je cite son désir et sa motivation en ce début de roman, avant l’élément déclencheur et que tout ne bascule. Enfin, je la confronte à un élément qui va jouer un rôle dans l’intrigue principale de mon roman. Tout ça me donne un premier chapitre, de quelques pages, entendons-nous bien.
Le premier chapitre écrit, c’est là que les choses se corsent pour les jardiniers. Les idées fusent, et on s’emballe très rapidement. Donc, ce que je vous conseille à ce moment-là, c’est de réfléchir à votre climax. Le climax, c’est le moment où l’antagoniste et le protagoniste vont s’affronter.
Le but de cette réflexion est de mettre sur papier les évènements marquants de votre intrigue principale, qui sera votre fil rouge dont vous ne devrez pas vous éloigner lorsque vous écrivez.
Donc, après mon premier chapitre, et bien vous allez rire, mais je n’écris pas le chapitre 2, mais j’écris directement mon premier évènement marquant de mon intrigue principale. Et dans ce premier évènement, mon antagoniste entre en jeu. L’intrigue principale est au cœur de cet évènement. C’est le vrai début du conflit. C’est la première bataille. Tout ce qui se passe avant c’est de l’amorce qui va expliquer pourquoi le conflit commence.
Donc, je me retrouve avec mon premier chapitre, un évènement intermédiaire. Et ensuite, je vais combler l’énorme trou qu’il y a entre les deux. J’écris toutes les scènes qui me viennent à l’esprit. Puis, je les relis entre elles. Je creuse, je brode. Je rajoute du lore, des personnages, des intrigues secondaires, mais en gardant toujours en tête la direction que je dois prendre. Et cette technique me permet de ne pas me perdre et de rester sur mon fil conducteur. Chaque chapitre va suivre ce fil, de près ou de loin, et va servir à faire avancer mon intrigue principale. En somme, je me pose toujours la question :
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