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Celle qui devint le soleil de Shelley Parker-Chan

« Le Désir est la cause de toutes les souffrances. »

Quatrième de couverture

     Dans un village rongé par la famine, au cœur d’une plaine poussiéreuse, deux enfants reçoivent chacun une destinée. Le garçon est promis à la grandeur. La fille, au néant…
     En 1345, la Chine est soumise à la cruelle domination mongole. Pour les paysans faméliques des Plaines du Milieu, la grandeur n’existe que dans les contes. Quand la famille Zhu apprend que Chongba, leur huitième fils, est promis à un fabuleux destin, tous peinent à imaginer comment s’accomplira ce miracle. En revanche, nul ne s’étonne que la deuxième fille des Zhu, fine et débrouillarde, soit promise… au néant.
     Mais lorsqu’une attaque de hors-la-loi les laisse orphelins, c’est le fils qui se laisse mourir de chagrin. Prête à tout pour échapper à sa fin annoncée, la jeune fille endosse l’identité de son frère afin de devenir novice dans un monastère. Là, poussée par un impérieux désir de survivre, Zhu apprend qu’elle est capable de tout – même du pire – pour déjouer sa destinée.
     Lorsque son sanctuaire est détruit pour avoir soutenu la rébellion contre les Mongols, Zhu saisit cette chance de s’emparer d’un tout autre avenir : la grandeur abandonnée de son frère…

Avis livresque

     Et bien voilà un livre aux personnages, on ne peut plus intéressants ! Les personnalités de Zhu Chongba et de Ouyang, les deux protagonistes principaux, sont plutôt singulières, très ambivalentes, et loin de susciter les sympathies. Le désir gangrène leur cœur, dévorant tout sur leur passage, et malheur à ceux qui se trouvent sur leur chemin. C’est assez rare, je trouve, que le héros/l’héroïne aille jusqu’au bout de son désir. La plupart du temps, les personnages dévient de leurs trajectoires, et suivent le chemin qu’ils ont vraiment besoin pour leur bien-être. Ici, pas du tout. Ils ont un objectif en tête, et vont jusqu’au bout de leur idée. Rien ne les fait changer d’avis, pas même leurs proches, qui essuient les dommages collatéraux. Je pense à la pauvre Ma Xiuying , et aux malheureux frères Esen et Baoxiang. Finalement, ce sont eux, les personnages secondaires, qui gagnent les sympathies, subissant durement l’égoïsme pur et dur de Zhu et Ouyang ! Un coup de maître de la part de l’autrice, pour avoir crée de si excellents anti-héros. On pourrait décortiquer pendant des heures leur personnalité tellement elle est approfondie. Rien que pour cela, ce livre mérite d’être lu.

     C’est évidemment un texte moderne, avec une réflexion profonde sur la question du genre et de l’identité. Par contre, ne vous fiez pas au dragon sur la couverture. Il s’agit simplement du symbole impérial de la dynastie Ming. Ici, vous ne trouverez pas de véritable dragon. Vous ne trouverez d’ailleurs que très peu de surnaturelle. D’ailleurs, voyez-le plutôt comme une fiction historique (très intéressante sur le XIVème siècle en Chine) plutôt que comme de la fantasy.

     Une très bonne lecture, que je conseille aux amoureux d’Histoire asiatique, et aux friands de complots politiques.

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