Salut les scribouillards, j’espère que vous allez bien. Aujourd’hui, troisième chapitre dédié à la création des personnages. Après le nom et l’apparence des personnages, on se colle à leur psychologie, partie au combien importante. Allez, hop, c’est parti !
Au cœur d’un roman, il y a les personnages. Votre intrigue aura beau être ficelée d’une main de maitre, si vos personnages sont en carton, le lecteur ne s’y attachera pas, ne s’y identifiera pas et votre roman aura tôt fait de tomber dans l’oubli. Un grand roman n’est rien sans ses personnages. C’est eux qui racontent l’histoire et c’est par eux que le lecteur éprouvera des émotions et de l’intérêt pour votre histoire.
Qu'est-ce qu'un personnage attachant ?
Attachant ne veut pas dire admirable, gentil, parfait ou sympathique. Un personnage attachant est un personnage qui touche le lecteur dans ses sentiments et/ou qui l’intéresse, voire le captive. L’antagoniste, comme le héros, peut susciter des sentiments chez le lecteur. Prenons un exemple dans l’univers d’Harry Potter (pour pas changer). Drago Malefoy. Petite frappe de l’école, ô combien dédaigneuse et pourtant, on l’aime bien le petit blondinet de Serpentard ! Un lien empathique se crée entre personnage et lecteur. On se met à la place de Drago. On comprend ses sentiments, ses émotions et donc, malgré tous ses défauts, on s’intéresse à lui et à son histoire. Un autre exemple plus frappant pour illustrer mes propos est celui de Jaime Lannister. Voyez comme il est devenu l’un des personnages les plus aimés de Game of Thrones malgré son comportement exécrable dans la première saison. Le Régicide a réussi à susciter notre intérêt de lecteur et de spectateur. Pourquoi ? Parce qu’il est l’image même de toute la complexité de l’Homme. Et c’est ce qui nous intéresse dans un roman. C’est ce que nous voulons retrouver lorsque nous nous plongeons dans une histoire.
Donc, vous l’aurez compris. Si vous voulez susciter l’intérêt du lecteur pour vos personnages, il faut les rendre avant tout humain et donc le doter de sentiments, d’émotions, de qualités et de défauts, d’un passé et de souvenirs, de goûts et de préférences, de désirs et de besoins. Le tout est dosé subtilement pour créer un personnage cohérent et réaliste. N’oubliez pas que personne n’est parfait et cet adage vaut également pour vos personnages. Rien de plus ennuyeux qu’une Mary-Sue ou un vilain méchant moche et stupide.
Pourquoi travailler le passé de ses personnages ?
Lorsque le lecteur se plonge dans un roman, les différents personnages ont déjà traversé des évènements, vécu des choses dans leurs vies et en vivront d’autres par après car le récit est un évènement ponctuel dans la vie des personnages. L’histoire avant l’histoire, appelée aussi backstory, est aussi importante que ce qu’il se passe dans le livre. Voyons pourquoi.
Prenons un exemple pour illustrer tout ça. La Rébellion de Robert Baratheon. (Game of Thrones, mon amour, ma passion…). Au fur et à mesure des romans/des saisons, les morceaux du passé se dévoilent et on apprend les tenants et les aboutissants de la guerre qui opposa Robert aux Targaryen. Ses nombreuses révélations nous permettent de comprendre le comportement de plusieurs personnages. Attention, spoilers.
– Ned Stark. On comprend pourquoi le gouverneur du Nord ne mentionnait jamais la mère de Jon Snow. Ce secret le pesait énormément et jouait sur ses décisions (il a recueilli Jon puis l’a envoyé au Mur pour le protéger).
– Robert Baratheon : il voue une haine démesurée envers les Targaryens suite à la perte de l’amour de sa vie. Lorsqu’il apprend que Daenerys a épousé Khal Drogo, il s’empresse de dépêcher des assassins de l’autre côté du Détroit pour la tuer.
– Jaime Lannister : Le meurtre d’Aerys lui a valu le surnom de Régicide et la réputation d’un homme sans honneur. Au début de l’histoire, Jaime se cache sous ses grands airs dédaigneux mais on comprend bien vite que ces attaques le blessent plus que de raisons.
Dans Game of Thrones, la backstory est le fondement de l’intrigue mais aussi elle modèle et influence une grande partie des personnages.
Tout bon auteur doit s’intéresser à la vie antérieure de ses personnages car tout ce qu’ils ont accompli, subi et vécu façonnent leurs personnalités. Creuser le passé de ses personnages permet de les approfondir, de leurs donner de l’épaisseur et d’éviter des incohérences vis-à-vis de leurs comportements. Mais pas que. Révéler certains éléments de ce passé aidera le lecteur à comprendre le comportement de vos personnages dans certaines situations et à s’y attacher.
Bien sûr, il est inutile de déblatérer chaque détail de la biographie de vos personnages si cela n’a aucune influence sur le récit. Il faut s’arrêter sur les éléments, les incidents qui ont une influence sur l’histoire et les amener petit à petit au fil des pages. Susciter l’intérêt du lecteur. Intriguer.
Tout un art 😉
Pourquoi un héros imparfait est-il plus attachant ?
Je ne sais pas si vous avez remarqué mais ces derniers temps, les héroïnes badass ont le vent en poupe dans les films et les séries (et c’est très bien) mais, à en vouloir en faire trop, certains de ces personnages deviennent très ennuyeux. J’ai vu dernièrement Raya et le dernier dragon et un défaut qu’on peut souligner dans ce nouveau Disney (qui reste très bon hein, on n’est jamais vraiment déçu avec Disney) est que le personnage de Raya n’est pas le plus intéressant de l’histoire. Elle est trop lisse. Elle est forte, courageuse, intelligente, belle, sûre d’elle. Bref. Parfaite…et terriblement ennuyeuse. Par contre, le personnage secondaire de Naamari est beaucoup plus intéressant. Elle est pourtant bourrée de défauts : sournoise, loin d’être sympathique et ses choix et ses actes sont loin d’être appréciables. Et c’est sans doute à cause de toutes ses imperfections que j’ai préféré le personnage de Naamari car la jeune femme a combattu ses démons pour évoluer et atteindre son objectif.
La faiblesse du héros est l’élément de base de l’arc dramatique car elle est la clef de la transformation de celui-ci au cours de son aventure (et pour rappel, une histoire sans évolution et une histoire sans intérêt). Cette faiblesse n’est pas une simple broutille ou bagatelle comme par exemple perdre 1/10ème de sa vue à son oeil gauche (quoique si on parle d’un personnage qui veut devenir pilote de chasse, cet handicap peut devenir problématique…mais je m’égare). La faiblesse ou défaut principal de votre héros est un véritable blocage qui l’empêche d’évoluer et de se réaliser pleinement. Alors, il peut en être conscient ou non mais en tout cas, cette faiblesse joue sur son comportement, ses attitudes et ses prises de décision. C’est quelque chose qu’il peut difficilement contrôler et il va devoir lutter et apprendre à la dompter s’il veut atteindre son objectif.
Cette faiblesse va aussi impacter les autres personnages. Cette faille est à l’origine de bien des maux. Elle blesse tout le monde et est un véritable frein social et personnel pour le héros. Or, c’est dans la relation aux autres que l’on peut s’épanouir. Donc, pas de faiblesse, pas d’évolution. Pas d’évolution, pas d’épanouissement. Pas d’épanouissement, pas d’objectif atteint. CQDF.
Alors, comment déterminer la faiblesse de ses personnages ? La faiblesse du personnage n’est pas choisie au hasard. Elle est directement liée au thème de l’histoire. En fait, elle est l’exacte opposée à la valeur proposée par le thème. Un dernier exemple pour illustrer mes propos et je m’arrête là.
Prenons Game of Thrones (Encore !). L’un des thèmes de la saga est la lutte pour le pouvoir. « Au jeu des trônes, on gagne ou on meurt« , dixit Cersei. Tous les coups sont permis. Certains personnages sont bons joueurs mais d’autres ne sont pas taillés pour la bataille du pouvoir. Ned Stark en fait parti. G.R.R Martin, dans son infinie bonté, lui a octroyé une terrible faiblesse : son sens de l’honneur. Alors, dit comme ça, l’honneur est plutôt une qualité en règle générale mais ici, elle a été fatale au Gouverneur du Nord. Incapable d’évoluer et de s’adapter, son sens de l’honneur a mené Ned Stark au billot et a précipité avec lui toute sa famille dans sa chute. Merci papa.
En résumé
Les personnages sont le point clef pour susciter l’intérêt du lecteur pour votre roman. En créant des personnages complexes et humains, un lien empathique se crée et le lecteur s’attache aux personnages. Pour donner de l’épaisseur à vos personnages, la backstory est un élément important pour façonner leurs personnalités et aider le lecteur à comprendre leurs comportements. Travailler la faiblesse du héros est également un élément important car c’est la clef de la transformation du héros. Il faut qu’elle soit liée au thème de l’histoire et impacte tous les personnages.
J’espère que cet article vous a été utile. Pour approfondir un peu plus le sujet, j’ai crée un dossier « Personnalités » disponible sur l’Alcôve Créative dans lequel je reprends différents types de personnalités basés sur les tests MBTI mais aussi sur les troubles et pathologies psychiatriques qui pourront vous inspirer pour la création de vos personnages.
A bientôt pour un nouveau volet création de personnage !
